Dans plusieurs villes d’Haïti, des maisons de transfert imposent à leurs clients des conditions contraintes pour récupérer leurs fonds. Ces pratiques, qualifiées d’abusives, obligent les usagers à acheter des produits dont ils n’ont pas nécessairement besoin ou à payer des frais supplémentaires non justifiés. Selon une enquête menée par AyiboPost, plusieurs témoignages révèlent que ces agissements sont fréquents à Port-au-Prince et dans d’autres villes du pays.
Les maisons de transfert, comme Western Union, CAM Transfer ou Unitransfer, perçoivent déjà des frais d’envoi substantiels. Pourtant, certaines succursales ajoutent des conditions supplémentaires, comme l’achat de denrées alimentaires ou d’autres produits à des prix exorbitants. Par exemple, Givenchy Jérôme, un jeune habitant d’Anse-d’Hainault, a dû acheter une caisse de spaghettis à 2 200 gourdes pour obtenir les 50 dollars américains envoyés via Unitransfer. Ce témoignage n’est pas isolé. D’autres clients rapportent des cas similaires, où les agents des maisons de transfert refusent de remettre l’argent si les conditions ne sont pas respectées.
Les transferts d’argent en Haïti ont atteint un montant record de 3,63 milliards de dollars en 2024, selon la Banque de la République d’Haïti (BRH). Ce montant souligne la dépendance accrue du pays à l’égard de ces envois, ce qui rend d’autant plus préoccupantes ces pratiques abusives. Les clients, déjà confrontés à des difficultés économiques, voient une partie de leurs ressources engloutie dans ces frais supplémentaires.
À Dame-Marie, un client a été contraint d’acheter un sac de riz et une caisse de savons pour récupérer 100 dollars américains via Western Union. Après avoir refusé de acheter le sac de riz, il a finalement accepté de payer plus de 1 000 gourdes pour la caisse de savons. Ce cas met en lumière les pressions exercées par les agents, qui justifient ces pratiques par des problèmes de liquidités et des coûts de fonctionnement élevés.
Certains responsables de maisons de transfert expliquent que les difficultés de circulation de l’argent et les coûts de transport pour accéder aux banques les obligent à instaurer ces mesures. Mickson, responsable d’une maison de transfert à Dame-Marie, a mentionné que son établissement doit effectuer des trajets périlleux et coûteux pour renflouer sa caisse. Ces conditions les poussent à limiter les montants en liquide et à proposer le reste en produits alimentaires.
Cependant, ces pratiques ne sont pas acceptables aux yeux des clients, qui se sentent exploités. Van Vicker Vancol, un habitant d’Anse-d’Hainault, dénonce ces méthodes, soulignant que les clients n’ont souvent pas d’autre choix que d’accepter ces conditions pour obtenir leur argent.
Les compagnies de transfert, comme CAM Transfert, condamnent ces pratiques illégales et rappellent que les seuls frais autorisés sont ceux mentionnés dans les fiches de transfert. Elles invitent les clients à signaler ces abus et à ne pas se laisser intimider.
En conclusion, ces pratiques abusives ajoutent une pression supplémentaire sur les familles haïtiennes déjà vulnérables. Alors que les transferts d’argent sont essentiels pour de nombreux ménages, il est urgent que les autorités prennent des mesures pour protéger les clients contre ces extorsions déguisées.
Source : Ayibopost
Rédaction Kominotek NEWS