Réaction tardive du CPT à l’attaque de l’ambulance MSF : Une indifférence inacceptable des dirigeants haïtiens
L’indignation exprimée par le Conseil présidentiel haïtien après l’attaque d’une ambulance de Médecins Sans Frontières (MSF) à Delmas 33 le 11 novembre 2024 ne fait que souligner l’inaction prolongée de nos dirigeants face à des crises humanitaires majeures. Ce n’est qu’après trois semaines d’indifférence et de silence que le Conseil présidentiel se décide enfin à réagir, condamnant cet acte inacceptable qui a vu des blessés abattus dans une ambulance, lieu de secours, par les forces de l’ordre elles-mêmes.
L’attaque, qui viole non seulement les principes du droit humanitaire mais aussi les droits fondamentaux des citoyens, n’a pas été jugée digne d’une réaction immédiate du gouvernement. Pourquoi attendre autant pour réagir ? Une telle lenteur dans la prise de position d’un dirigeant est une gifle à la dignité humaine, et ce n’est qu’après plusieurs semaines, quand les réactions nationales ont atteint leur paroxysme, que le Conseil a jugé bon de publier un communiqué.
Dans ce même communiqué, le Conseil présidentiel, enfin pris de conscience, rappelle aux forces de l’ordre leur obligation de protéger les institutions, y compris les ambulances. Il faut rappeler que ce n’est pas une faveur, mais une obligation inscrite dans les conventions internationales. Cependant, cette réactivité postérieure ne fait que mettre en lumière la déconnexion du gouvernement avec la réalité du terrain, où les institutions de santé, les travailleurs humanitaires et la population sont constamment exposés à l’insécurité grandissante. Le président et ses conseillers prennent-ils enfin conscience de la situation qu’ils n’ont cessé de fuir depuis des mois ?
Le communiqué appelant à une enquête est certes une initiative bienvenue, mais pourquoi cet appel n’a-t-il pas été fait immédiatement après l’incident ? La lenteur de la réaction laisse penser qu’une enquête n’est qu’un pansement sur une plaie béante, et ne suffira pas à restaurer la confiance d’une population déjà désabusée.
En réalité, ce tragique incident soulève bien plus de questions que le Conseil présidentiel ne semble vouloir aborder. Il s’agit de la question essentielle de l’efficacité de l’État, de sa capacité à protéger les institutions humanitaires et de la priorité qu’il accorde à la vie humaine face à la montée de l’insécurité. Si ces questions ne sont pas abordées avec la rigueur qu’elles méritent, des gestes symboliques comme cette réaction tardive ne feront qu’aggraver la crise de confiance entre le peuple et ses dirigeants.
Le temps des déclarations et des condamnations tardives est révolu. Il est grand temps que le gouvernement prenne des mesures immédiates et décisives pour sécuriser le pays, protéger les acteurs humanitaires et garantir la sécurité des citoyens. La population haïtienne mérite plus qu’un leadership réactif, elle mérite un gouvernement proactif.
Rédaction Kominotek News