Ces derniers jours, la commune de Petite Rivière de l’Artibonite, autrefois paisible, est devenue le théâtre d’une violence d’une rare intensité. Le samedi 3 mai 2025, une attaque sanglante orchestrée par le gang armé « Gran Grif », originaire de Savien, a plongé la région dans l’horreur. Le bilan humain reste incertain, mais les témoignages évoquent des dizaines de morts, tandis que la population, traumatisée, dénonce l’inaction des autorités.
Dès l’aube, plusieurs quartiers, notamment Crête-à-Pierrot et Grand Hatte, ont été pris d’assaut. Les assaillants, lourdement armés, ont mené une opération systématique : des exécutions sommaires, des maisons incendiées et des familles entières décimées. Les rescapés décrivent une violence brutale et méthodique. « Ils hurlaient qu’ils allaient purger la zone », confie Virginie, une mère ayant survécu en se cachant avec ses enfants dans un ravin.
Des dizaines de corps jonchaient les rues, tandis que d’autres civils tentaient de fuir ou de se protéger. Le nombre exact de victimes reste inconnu en raison du chaos et de l’absence de bilan officiel fiable.
Cet épisode s’inscrit dans une tendance inquiétante : la propagation des violences armées au-delà des centres urbains. Autrefois relativement épargnées, les zones rurales deviennent désormais des cibles régulières de groupes criminels bien organisés. Cette dynamique témoigne d’une érosion croissante du contrôle de l’État sur son territoire.
Les autorités semblent incapables d’endiguer cette expansion, malgré les déclarations récurrentes sur la restauration de l’ordre et de la sécurité.
Face à cette tragédie, l’absence de réaction officielle indigne la population. Ni assistance humanitaire ni intervention sécuritaire d’envergure n’ont été signalées depuis l’attaque. Les forces de police locales, sous-équipées et largement dépassées, n’ont pu empêcher l’offensive meurtrière.
Un pasteur local, souhaitant garder l’anonymat, résume le sentiment général : « Leur silence est une arme encore plus cruelle que les fusils. Ceux qui nous gouvernent se sont effacés, laissant la population sombrer. »
Le drame de Petite Rivière illustre un phénomène plus large : l’effritement progressif des institutions haïtiennes. Tandis que les groupes armés gagnent du terrain, les services publics et la présence étatique se réduisent. Ce vide favorise l’installation d’une gouvernance parallèle, imposée par la violence.
Plus qu’une tragédie isolée, ce massacre met en lumière la vulnérabilité d’un pays confronté à une crise de gouvernance aiguë. Des voix de la société civile, de la diaspora et des collectifs citoyens appellent à une refondation urgente de l’État, soulignant que sans réponse politique et sécuritaire, la spirale de la violence continuera d’emporter des vies et d’effacer des communautés entières.
Rédaction Kominotek NEWS