Alors que Haïti traverse une crise multifacette, la République dominicaine semble tirer parti de cette situation. Dans une entrevue exclusive accordée à Vant Bèf Info, un expert en diplomatie décrit un constat inquiétant : sous prétexte d’instabilité politique, d’insécurité généralisée et d’effondrement institutionnel en Haïti, l’économie dominicaine connaît une croissance significative. Cette prospérité est alimentée par une migration incontrôlée, un commerce frontalier déséquilibré et un manque d’action diplomatique de la part haïtienne.
Santiago, 13 mai 2025 – Les diplomates haïtiens en République dominicaine bénéficient, pour le moment, d’un statut protégé une fois accrédités. Cependant, leur capacité à agir reste restreinte en raison du manque de directives claires de la part de leur gouvernement. Face aux violations des droits des migrants haïtiens, les représentants officiels restent silencieux. « Sans instructions précises, ils ne peuvent agir. Ils ne sont que des extensions d’un pouvoir absent », explique l’expert.
Les déportations massives se poursuivent aux points frontaliers de Dajabón et Elías Piña. Bien que la législation migratoire dominicaine interdise certaines expulsions, comme celles touchant les femmes enceintes ou les personnes vulnérables, ces règles sont régulièrement ignorées. Des témoignages révèlent des arrestations arbitraires, des violences et des abus physiques. L’expert souligne l’absence d’initiatives politiques pour instaurer un moratoire ou un accord temporaire, malgré la crise humanitaire en Haïti.
Alors que les citoyens haïtiens se voient refuser l’entrée en territoire dominicain, les marchandises dominicaines traversent la frontière sans entraves. Ce paradoxe met en lumière la dépendance commerciale entre les deux pays. Certaines entreprises étrangères implantées en République dominicaine ne existent que pour exporter vers Haïti. « Même lors de la fermeture de la frontière par Haïti durant la crise du canal à Ouanaminthe, les importateurs haïtiens ont rapidement relancé les commandes, contredisant la décision politique initiale », note l’expert.
Selon des estimations, environ 60 % de l’économie dominicaine reposent sur le commerce avec Haïti. Cette dépendance pourrait être exploitée stratégiquement par Haïti. L’expert soutient qu’un boycott structuré ou la mise en place d’une alternative commerciale pourrait renverser ce déséquilibre. « Haïti n’est pas totalement impuissante. C’est l’inaction politique qui entretient ce déséquilibre », affirme-t-il.
La relation entre Haïti et la République dominicaine est marquée par un déséquilibre économique et diplomatique. La migration forcée et le commerce asymétrique exacerbent cette dynamique. Face à ce constat, l’absence d’une position forte de l’État haïtien pèse lourdement. Seule une stratégie diplomatique claire et coordonnée pourrait inverser cette tendance.
Rédaction Kominotek NEWS