Depuis le début de l’année, le dollar américain a enregistré une baisse de 9 % par rapport à un panier de devises. Ce déclin soudain et imprévu a semé l’inquiétude parmi les économistes, car il pourrait refléter une érosion de la confiance dans l’économie américaine. Ce phénomène intervient à un moment où Donald Trump, avec ses politiques commerciales protectionnistes, bouleverse les règles du commerce mondial.
Historiquement considéré comme une monnaie de réserve et une valeur refuge, le dollar semble aujourd’hui vaciller. Ce changement pourrait non seulement fragiliser la stabilité des marchés financiers, mais aussi affaiblir les avantages économiques et géopolitiques dont bénéficient les États-Unis. La domination du dollar permet aux Américains de profiter de plusieurs avantages clés, notamment :
– Un accès à des taux d’emprunt bas : Les États-Unis peuvent se financer à des coûts réduits en raison de la confiance accordée à leur monnaie.
– Une efficacité accrue des sanctions économiques : Le dollar, en tant que monnaie dominante, permet aux États-Unis d’imposer des sanctions économiques qui ont un impact significatif sur les pays cibles.
– Un soutien à la croissance économique : La puissance du dollar facilite les échanges commerciaux et renforce la compétitivité américaine.
Cependant, cette position hégémonique est aujourd’hui remise en question. Selon Barry Eichengreen, économiste à l’Université de Berkeley, *« La confiance mondiale dans le dollar peut s’évanouir en un éclair. »* Cette perspective inquiétante souligne la vulnérabilité croissante de la monnaie américaine.
Contrairement à ce qui se produit généralement, l’instauration de tarifs douaniers n’a pas renforcé le dollar cette fois-ci. Depuis avril, la devise américaine a perdu :
– 5 % de sa valeur face à l’euro et à la livre sterling,
– 6 % face au yen japonais.
Cette faiblesse du dollar se traduit par une augmentation des prix des importations pour les consommateurs américains, qu’il s’agisse de vin français ou d’électronique sud-coréenne. Les ménages ressentent déjà les effets de cette dépréciation.
Les États-Unis, avec une dette publique équivalant à 120 % de leur PIB, sont particulièrement exposés aux fluctuations monétaires. Jusqu’à présent, la demande mondiale de dollars a permis de maintenir des taux d’intérêt bas. Cependant, si la confiance dans le dollar venait à se dégrader, ces taux pourraient augmenter, alourdissant ainsi le coût des prêts pour :
– Les ménages (crédits auto, hypothèques),
– Les entreprises,
– Et même pour le gouvernement fédéral.
Par ailleurs, d’autres pays cherchent à diversifier leurs réserves monétaires et à réduire leur dépendance au dollar. La Chine, par exemple, a conclu des accords avec le Brésil, la Russie et la Corée du Sud pour effectuer des transactions en yuan. Elle octroie également des prêts en yuan à des pays comme l’Argentine et le Pakistan. Ces initiatives renforcent la position de la monnaie chinoise sur la scène internationale.
De plus, des alternatives comme le bitcoin pourraient gagner en popularité, selon Larry Fink, président de BlackRock : *« Si les déficits américains s’aggravent, les actifs numériques pourraient devenir plus attractifs. »* Cette perspective souligne la possibilité d’un paysage monétaire plus diversifié et moins dominé par le dollar.
Cependant, ce n’est pas seulement la politique commerciale qui préoccupe les marchés. C’est surtout l’imprévisibilité de sa mise en œuvre qui inquiète. Les marchés financiers détestent l’incertitude, et l’administration Trump, avec ses décisions abruptes et son manque de transparence, renforce l’image d’un pays moins stable et moins fiable.
En outre, Donald Trump remet en cause l’indépendance de la Réserve fédérale, menaçant même de limoger son président, Jerome Powell. Cette ingérence politique dans la politique monétaire suscite des craintes d’une possible inflation incontrôlée, affaiblissant encore davantage la confiance dans le dollar.
Certains économistes tirent même un parallèle avec la guerre du Sinaï, qui avait précipité la chute de la livre britannique. Les États-Unis pourraient connaître un scénario similaire si la confiance dans le dollar continue de s’éroder. Cette perspective alarmante met en lumière les risques potentiels d’une dépréciation prolongée de la monnaie américaine.
En conclusion, la dépréciation du dollar n’est pas seulement un phénomène économique isolé, mais un signal alarmant qui reflète des défis plus profonds pour l’économie américaine. Si les États-Unis ne parviennent pas à restaurer la confiance dans leur monnaie, les conséquences pourraient être loin d’être négligeables, tant pour les marchés financiers que pour l’économie mondiale dans son ensemble.
Rédaction Kominotek NEWS