Quand la nuit descend sur Port-au-Prince, une lumière tamisée émerge du toit de Gaspard Alnord. Mais ce n’est pas celle de l’EDH, dont les coupures plongent régulièrement la ville dans le noir. C’est plutôt celle du soleil, capturée par des panneaux solaires installés il y a quelques mois. « Depuis l’installation des panneaux, nous dormons enfin tranquilles », dit-il avec un sourire en coin. Pour sa famille, vivant dans le quartier de Canapé-Vert, c’est une solution révolutionnaire, bien que discrète.
Face à l’effondrement du réseau électrique national, les ménages haïtiens se tournent vers d’autres sources de lumière. Les panneaux solaires, longtemps réservés à une élite, gagnent en popularité, portés par l’abondance de soleil et un profond ras-le-bol. Gérald Duclair, un technicien expérimenté, installe ces systèmes presque chaque semaine. « Le plus petit système coûte environ 7 500 gourdes », explique-t-il. « Cela permet de faire fonctionner quelques lampes et de recharger les téléphones. Ce n’est pas le confort total, mais c’est un soulagement. »
Cependant, les batteries restent un luxe. Un système complet peut coûter entre 250 et 600 dollars, une somme considérable pour beaucoup. Mais sans électricité, les tâches quotidiennes deviennent bien plus ardues : étudier, travailler, cuisiner, vivre.
Pour ceux qui ne peuvent pas se permettre les panneaux solaires, les groupes électrogènes offrent une alternative, bien qu’imparfaite. Bruyants, coûteux et parfois dangereux, ils nécessitent un entretien minutieux. Un appareil de 5 000 watts peut coûter jusqu’à 50 000 gourdes, sans compter le carburant et les frais d’entretien. « Il faut être prudent », prévient Gérald. « Une mauvaise installation peut causer un incendie ou une intoxication. »
Dans les quartiers populaires, où les ressources sont limitées, les habitants se rabattent sur des solutions plus abordables. Lampes rechargeables, radios à piles, mixeurs solaires, power banks… Ces petits objets deviennent des alliés essentiels au quotidien. « Avec 2 000 gourdes, on s’offre un peu de lumière », confie une mère de famille à Carrefour. « C’est peu, mais c’est toujours mieux que rien. »
En Haïti, l’accès à l’électricité est devenu une question privée, une course à la débrouille. Certains investissent dans le soleil, d’autres comptent les heures avant le prochain black-out. Ici, la lumière ne vient plus des câbles, mais de l’inventivité et de la résilience des gens.
Rédaction Kominotek NEWS