Dans une Haïti secouée par une violence endémique, Port-au-Prince, la capitale, est en proie à une détresse sans précédent. Alors que les gangs multiplient les exactions, les camps de déplacés sont débordés et les services essentiels sont paralysés, le maire Ralph Youri Chevry a choisi de quitter la ville pour se rendre à Pignon. Là, il a été aperçu en compagnie de Fritz Alphonse Jean, coordonnateur du Conseil Présidentiel de Transition. Officiellement, ce déplacement avait pour but de discuter de la sécurité avec des représentants de la société civile. Cependant, cette excuse n’a pas suffi à calmer l’indignation grandissante dans la population.
Pour de nombreux habitants, ce voyage symbolise un décalage alarmant entre les actions du maire et les urgences de la ville. Alors que des quartiers entiers de Port-au-Prince tombent sous le contrôle des gangs, les autorités locales semblent absentes. Ce déplacement est perçu comme une fuite ou, pire encore, comme une manœuvre politique malvenue. Lors de son installation à la tête du Cartel Intérimaire le 24 décembre 2024, Ralph Youri Chevry avait promis de faire de la sécurité, de l’humanitaire et de l’assainissement ses priorités. Près de six mois plus tard, ces engagements restent lettre morte. La situation ne cesse de se dégrader, laissant la population dans l’expectative.
Dans les camps de fortune et les quartiers livrés à eux-mêmes, la colère gronde. « On ne voit pas le maire. Il disparaît, c’est incompréhensible », témoigne un déplacé qui a trouvé refuge dans une école désaffectée de Delmas avec sa famille. Ce sentiment d’abandon se propage, renforcé par le manque d’initiatives concrètes de la part de la mairie. Alors que Port-au-Prince traverse l’une des pires crises de son histoire récente, l’attitude du maire ne fait qu’attiser la polémique. Sa visite à Pignon est perçue comme un faux pas, voire une provocation. Dans ce contexte de chaos, les habitants ne réclament pas des gestes symboliques, mais une présence réelle et des actions immédiates pour répondre à leurs besoins urgents.
Rédaction Kominotek NEWS