POLITIQUE

Frantz Elbé, l’homme qui a su contenir les gangs sans argent

À une époque où la Police nationale d’Haïti (PNH) souffrait d’un manque cruel de ressources, Frantz Elbé parvenait pourtant à exercer une forme d’autorité sur le territoire. Sans renforts internationaux et avec des moyens financiers limités, il réussissait à contenir l’expansion des gangs dans plusieurs quartiers stratégiques de la capitale. Cependant, alors que des fonds importants et des appuis étrangers sont désormais présents, ces mêmes zones sont tombées sous le contrôle des groupes armés, soulevant une question dérangeante : pourquoi, dans un contexte plus favorable, la situation semble-t-elle aujourd’hui hors de contrôle ?

Sous l’administration de Frantz Elbé, la PNH faisait face à des défis considérables. Le manque de ressources financières limitait la capacité d’action de l’institution, avec des opérations compromises par l’impossibilité de réparer des véhicules blindés défectueux, par exemple. Pourtant, c’est dans ce climat de précarité que des figures notoires du banditisme ont été neutralisées. Des noms comme Ti Izo de Village de Dieu, Makandal de Bristou, ou encore Gregory Saint Hilaire (Ti Grèg), figurent parmi ceux qui ont été mis hors d’état de nuire grâce à des interventions ciblées et efficaces.

D’après un rapport récent du ministère des Finances, la PNH a bénéficié d’un décaissement de 2,5 millions de dollars américains (environ 333 millions de gourdes) pour ses opérations entre janvier et avril de cette année. Ce montant, largement supérieur à celui dont disposait Frantz Elbé durant son mandat, a pourtant montré ses limites. De nombreux quartiers stratégiques, naguère sous contrôle des forces de l’ordre, sont aujourd’hui tombés entre les mains des gangs, malgré le renforcement logistique, la mobilisation des Forces armées d’Haïti (FAd’H) et la présence d’une mission multinationale sur le terrain.

Des zones comme Solino, Delmas 30, Delmas 3, Cité Militaire, ou encore Kenscoff, qui étaient sous le contrôle de la PNH sous Frantz Elbé, sont aujourd’hui occupées par les groupes armés. Ce recul flagrant interroge sur les stratégies actuelles, et pose la question du leadership et de l’efficacité des autorités en place.

L’incapacité à maintenir l’ordre dans ces quartiers, malgré des moyens renforcés, soulève des interrogations sur l’efficacité des approches actuelles. Le bilan de Frantz Elbé, longtemps critiqué, semble aujourd’hui être perçu sous un autre angle. Pour certains, sa gestion de la PNH, marquée par une stratégie sobre et pragmatique, apparaît désormais comme un modèle de résistance dans un contexte extrêmement difficile.

Loin des projecteurs et des grandes promesses politiques, Frantz Elbé avait su imposer une certaine forme d’autorité grâce à une cohésion interne au sein de la PNH et à une coopération avec la population. Ce modèle, bien qu’incomplet, semblait offrir une stabilité relative dans un pays en proie à l’insécurité. Et, alors que la situation sécuritaire continue de se dégrader, son bilan semble aujourd’hui plus pertinent que jamais.

Le contraste entre les ressources actuelles et la réalité sur le terrain interroge. Face à l’inefficacité croissante de la gestion des autorités actuelles, le leadership de Frantz Elbé, bien que modeste, semble, rétrospectivement, être un exemple de gouvernance axée sur la volonté, la stratégie et l’implication sur le terrain. À défaut de millions, il avait su imposer une forme d’autorité qui, aujourd’hui, fait cruellement défaut. Face au chaos actuel, nombreux sont ceux qui se demandent si cette capacité à résister, dans un contexte de pénurie, n’était pas, finalement, la plus grande richesse de son mandat.

Rédaction Kominotek NEWS

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