L’Office de la Protection du Citoyen (OPC) tire la sonnette d’alarme face à l’inaction de l’État haïtien concernant la crise des déplacés internes. Plus de 1,2 million de personnes ont été contraintes de quitter leurs foyers en raison de la violence armée qui sévit à Port-au-Prince. Ces déplacés, répartis dans 104 sites de fortune dans la région métropolitaine, vivent dans des conditions extrêmement difficiles, largement ignorées par les autorités. Une enquête menée par l’OPC met en lumière cette situation alarmante et dénonce le manque de réponse de l’État face à cette urgence humanitaire.
L’étude de l’OPC se concentre sur 16 camps abritant environ 49 000 déplacés. Parmi ces lieux, on trouve des bâtiments publics comme le Lycée Marie Jeanne, l’École nationale Colbert Lochard, le Ministère de la Communication et la Faculté de Linguistique Appliquée (FLA). Ces structures, détournées de leur usage initial, accueillent des familles entassées dans des couloirs, sur des toits ou à même le sol. Les conditions sont particulièrement dures, avec un accès limité à l’eau potable, aux installations sanitaires de base et aux soins de santé.
Les chiffres sont inquiétants : 6 600 personnes ont été recensées au siège de l’OPC, tandis que le Lycée Marie Jeanne et le Lycée des Jeunes Filles abritent respectivement 6 371 et 5 385 déplacés. Ces conditions précaires favorisent la propagation de maladies comme la gale, le choléra et diverses infections respiratoires et digestives. Selon les principes directeurs des Nations Unies relatifs aux déplacés internes, ces populations ont droit à une protection, à un niveau de vie décent et à une aide humanitaire adéquate. Cependant, l’État haïtien ne semble pas disposé à sécuriser les zones d’origine ni à organiser un retour encadré et digne pour ces personnes.
La vulnérabilité des déplacés est particulièrement marquée chez les femmes enceintes, souvent contraintes d’accoucher dans des conditions insalubres, les enfants privés d’éducation car leurs écoles sont transformées en abris, ainsi que les personnes âgées et handicapées. L’OPC souligne également la recrudescence de la prostitution de survie à laquelle certaines femmes sont contraintes pour subvenir aux besoins de leurs familles. L’absence de documents d’identité complique l’accès aux services essentiels, et bien que les ONG et agences humanitaires interviennent, leurs efforts sont entravés par un manque de coordination et de vision stratégique. Pendant ce temps, l’État reste silencieux et inactif.
L’OPC insiste sur le fait que les camps ne peuvent être qu’une solution d’urgence temporaire. Une réponse durable implique la sécurisation des zones touchées, la reconstruction des communautés et la réinsertion des déplacés. Les déplacés internes haïtiens réclament non pas l’aumône, mais la reconnaissance de leurs droits et la présence effective d’un État protecteur. Ignorer cette crise équivaudrait à accepter l’effritement du pacte social haïtien. L’OPC appelle donc à une action urgente, coordonnée et humaine, car le temps presse.
Rédaction Kominotek NEWS