SOCIETE

Haïti face à l’insécurité : le BINUH, un observateur en attendant mieux ?

Alors que les tensions montent, que les familles sont contraintes de fuir, que les écoles restent fermées et que les hôpitaux suspendent leurs activités, le Bureau Intégré des Nations unies en Haïti (BINUH) continue méthodiquement sa mission d’observation. Tous les trois mois, des rapports détaillés sur l’état de l’insécurité sont adressés au Conseil de sécurité de l’ONU. Cependant, sur le terrain, la population haïtienne attend avec impatience des actions concrètes.

Depuis sa création en 2019, le BINUH se présente comme un soutien à la stabilité du pays. Cependant, pour de nombreux citoyens et observateurs locaux, cette institution onusienne ressemble plus à un centre de documentation qu’à un véritable levier de solution. Rapports sur rapports sont publiés, tandis que les gangs renforcent leur emprise et que l’État perd progressivement le contrôle de certaines régions.

« Les statistiques fournies par le BINUH ne nous apprennent rien de nouveau. Ce que les Haïtiens réclament, ce sont des actes, et pas seulement des bulletins d’information », déclare un activiste de la société civile à Carrefour.

Le BINUH insiste souvent sur les limites de son mandat : pas de troupes, pas d’armes, pas d’opérations sur le terrain. Son rôle se limite à des conseils, à de la coordination et au plaidoyer. Mais face à l’effondrement des institutions haïtiennes, de nombreuses voix s’élèvent pour questionner l’utilité d’un tel mandat. Pourquoi maintenir une mission coûteuse et symboliquement forte si ses capacités d’action sont si restreintes ?

« Si l’ONU veut vraiment aider, qu’elle change de stratégie. Qu’elle propose une réforme en profondeur du système de sécurité, plutôt que de simples ateliers de formation », critique un ancien haut gradé de la Police nationale d’Haïti.

Officiellement, le BINUH soutient la Police nationale, encourage le dialogue et promeut la bonne gouvernance. Mais pour beaucoup d’Haïtiens, ces efforts ne sont que cosmétiques et déconnectés de l’urgence sécuritaire.

De plus, la mission onusienne est souvent accusée de s’aligner sur des agendas politiques plutôt que d’écouter les voix locales. Dans un contexte où la souveraineté nationale est de plus en plus revendiquée, le silence du BINUH face à certaines dérives institutionnelles est interrogatif.

Le désenchantement est palpable. Dans les rues, sur les réseaux sociaux et dans les médias, la crédibilité du BINUH est au plus bas. Beaucoup se demandent si cette entité n’est pas simplement là pour entretenir l’illusion d’un soutien international, pendant que la population tente de survivre à l’enfer quotidien des zones de non-droit.

L’arrivée annoncée d’une mission multinationale de sécurité, soutenue par le BINUH, est perçue par certains comme un dernier test de pertinence pour l’organisme onusien. Cependant, tant que le BINUH ne passe pas de la parole à l’action, il restera, aux yeux de beaucoup, un acteur passif et complice de l’immobilisme ambiant.

Haïti n’a plus besoin de diagnostics. Elle a besoin d’engagement, de courage et de partenaires prêts à sortir du confort de l’observation pour affronter, aux côtés du peuple, la dure réalité de l’insécurité. Le BINUH est-il en mesure de relever ce défi, ou restera-t-il l’invité silencieux d’un pays en détresse ?

 

Rédaction Kominotek NEWS

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