Mort subite de Frankétienne : une figure emblématique de la littérature haïtienne s’éteint.
Frankétienne, géant de la littérature haïtienne, s’est éteint ce jeudi 20 février 2025, à l’âge de 89 ans, en sa résidence à Delmas. Écrivain, peintre, musicien et enseignant, il laisse derrière lui une empreinte indélébile dans la culture haïtienne et internationale.
Né le 12 avril 1936 sous le nom de Jean-Pierre Basilic Dantor Franck Étienne d’Argent, Frankétienne a grandi entre les difficultés de son enfance et la richesse de son imaginaire. Élevé par sa mère dans le quartier de Bel Air à Port-au-Prince, il s’est rapidement distingué par sa passion pour les lettres et son engagement dans l’éducation.
Inspiré par le contexte sociopolitique haïtien, il a développé une œuvre unique, marquée par la révolte, la quête de liberté et une exploration profonde de l’âme humaine. Son style inimitable, mêlant français et créole, a donné naissance au spiralisme, un mouvement littéraire qu’il a initié et qui reflète la complexité du monde à travers une écriture enchevêtrée et dynamique.
Auteur prolifique, Frankétienne a publié plus d’une quarantaine d’ouvrages, traversant les genres avec aisance. Parmi ses œuvres majeures, on retrouve “Dézafi”, premier roman entièrement écrit en créole haïtien, qui plonge le lecteur dans l’univers de l’oppression sous le régime Duvalier. “Ultravocal”, un texte foisonnant et audacieux, ou encore “Mûr à crever”, qui dépeint avec intensité la violence et la souffrance du peuple haïtien.
Son influence ne s’est pas limitée à la littérature. Son talent s’est exprimé également à travers la peinture, le théâtre et la musique, faisant de lui une figure incontournable de la création haïtienne.
Frankétienne n’a jamais quitté Haïti, même dans les périodes les plus sombres. Il a toujours cru en la force de la culture pour résister à l’oppression et construire un avenir meilleur. Enseignant passionné, il a formé des générations de jeunes esprits, leur transmettant l’amour du savoir et l’importance de la pensée critique.
Son départ laisse un vide immense, mais son héritage demeure. Ses écrits, ses peintures et ses enseignements continueront d’inspirer, rappelant à chacun la puissance de la création comme acte de résistance et de liberté.
Rédaction Kominotek News