Puisque les gangs armés contrôlent une grande partie du territoire, le gouvernement haïtien s’apprête à réactiver la Commission Nationale de Désarmement, Démantèlement et Réinsertion (CNDDR). Une décision qui, au lieu d’affirmer l’autorité de l’État, semble consacrer son impuissance en ouvrant la voie à un dangereux marchandage avec les criminels.
Depuis sa création en 2006, cette commission a déjà été activée à plusieurs reprises, notamment en 2018 sous la présidence de Jovenel Moïse, sans que ses efforts ne se traduisent par une réelle amélioration de la situation. Les armes n’ont pas disparu, et les groupes criminels ont même renforcé leur emprise. Pourtant, malgré cet échec manifeste, l’État persiste dans cette approche, laissant entendre qu’un dialogue avec les gangs reste une option sur la table.
L’Exécutif a désigné plusieurs personnalités pour composer cette commission, une décision qui sera examinée en Conseil des Ministres ce mercredi 12 février 2025.
Mais depuis quand l’État doit-il se soumettre aux criminels ? Son rôle est de garantir la sécurité publique, de combattre la criminalité et d’imposer l’ordre, et non de chercher un compromis avec ceux qui terrorisent la population.
L’expérience a prouvé que les gangs utilisent ces initiatives comme levier de pression. Ils acceptent parfois de discuter pour mieux gagner du temps, se réorganiser et exiger des concessions en échange d’une trêve temporaire. Cette stratégie leur permet d’accroître leur influence au lieu d’être démantelés.
En réactivant la CNDDR sans un véritable plan d’action sécuritaire, le gouvernement envoie un signal inquiétant : il légitime indirectement le pouvoir des gangs et crée un précédent dangereux où la violence devient un outil de négociation avec l’État. Le Conseil des Ministres devra trancher : l’État choisira-t-il de restaurer son autorité en éradiquant ces groupes criminels ou persistera-t-il dans une stratégie d’apaisement qui, jusqu’ici, n’a fait que renforcer les gangs ?
Haïti a besoin d’un État fort, capable de reprendre le contrôle du territoire, et non d’un gouvernement qui tend la main à ceux qui le défient.
Rédaction Kominotek News