Jean-Bertrand Aristide et la crise politique en Haïti : retour stratégique après l’éviction de Garry Conille
L’ex-président Jean-Bertrand Aristide a pris une part active à au moins une discussion sur la crise politique en Haïti ces dernières semaines, en s’entretenant avec Garry Conille, apprend AyiboPost de sources proches du dossier. Aristide avait rencontré Conille avant que ce dernier ne soit remplacé, le 10 novembre, par Alix Didier Fils-Aimé à la tête du gouvernement. Une autre rencontre prévue entre Aristide et le chef de Lavalas n’a finalement pas eu lieu.
Ce retour d’Aristide dans les affaires politiques souligne son implication croissante dans la gestion du pays, après avoir été écarté de la présidence à deux reprises, d’abord en 1991 par un coup d’État, puis en 2004 sous la pression de groupes armés.
Les échanges entre Aristide et Conille ont été qualifiés de « cordiaux » et Aristide a exprimé son soutien à une cohabitation entre la primature et le Conseil présidentiel de transition (CPT), selon une source informée des discussions. L’implication d’Aristide dans ces événements récents semble marquer son retour sur la scène politique, bien qu’il ne soit pas clair si ses positions sont alignées avec celles de Leslie Voltaire, le président du CPT désigné par le parti.
Jodson Dirogène, porte-parole de Fanmi Lavalas, a tenu à préciser que le parti n’était pas responsable du départ de Garry Conille, soulignant que cette décision venait du CPT. Il a également refusé de commenter la question de savoir si Voltaire agissait sous l’influence de Fanmi Lavalas. Selon lui, le parti, comme le reste de la population, attend avant tout que la sécurité soit rétablie dans le pays.
Depuis son retour d’exil en 2011, Aristide a principalement concentré ses efforts sur sa fondation et son université, et a soutenu la candidature de Maryse Narcisse lors de la présidentielle de 2015. Cependant, rien ne laisse présager qu’il reprendra bientôt une activité politique active.
L’arrivée de Leslie Voltaire à la présidence du CPT place Fanmi Lavalas au cœur de l’échiquier politique haïtien. Le parti avait déjà exercé une influence sous le gouvernement de Garry Conille, notamment en contrôlant le ministère des Travaux publics. Le gouvernement de Conille, cependant, a été marqué par des tensions avec le CPT, en particulier après la demande publique de Conille pour la démission de trois membres du conseil, impliqués dans un scandale de corruption. Ces membres ont été signataires de la résolution de révocation de Conille, un acte jugé désastreux par certains observateurs proches du CPT.
La relation entre le gouvernement de Conille et le CPT était tendue, notamment à cause des divergences sur la politique étrangère. En septembre, Leslie Voltaire avait été empêché d’entrer dans une réunion à New York où le gouvernement haïtien rencontrait le président du Brésil, un incident qu’il avait qualifié de « coup d’État diplomatique ».
Sous la direction de Conille, plusieurs initiatives ont été lancées, telles que la formation de 1 200 jeunes à l’académie de police et dans les bases de l’armée, l’achat d’un hélicoptère et l’augmentation des capacités des forces de l’ordre. Des mesures anticorruption ont également été introduites, comme l’interdiction de l’usage du cash dans l’administration publique et la révocation de diplomates soupçonnés de détournement de fonds.
Cependant, le gouvernement n’a pas donné suite aux demandes du secteur privé concernant une réduction des charges fiscales et des droits de douane, ce qui a exacerbé les tensions avec certaines organisations économiques.
Le défi pour Haïti demeure de trouver un équilibre entre les aspirations populaires, la gestion des crises sécuritaires et économiques, et la réconciliation entre les différents acteurs politiques du pays.
( Résumé d’un article publié par Ayibopost )
Rédaction Kominotek News