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Funérailles sous l’emprise des gangs : un adieu discret et risqué à Port-au-Prince

À Port-au-Prince, la mort elle-même semble succomber aux règles impitoyables des groupes armés. Dans plusieurs quartiers dominés par ces organisations criminelles, les cérémonies funèbres se transforment en actes furtifs et empreints de peur. Les traditions ancestrales disparaissent, laissant place à des enterrements hâtifs et silencieux.

Selon un entrepreneur bien informé des pratiques actuelles des maisons funéraires, les rituels traditionnels ont presque entièrement disparu. Plus de processions, plus de musiques. Parfois, seuls deux proches osent accompagner le défunt à sa dernière demeure. « Aucun corbillard ni cérémonie. On évite les attroupements pour ne pas attirer l’attention des gangs », explique-t-il.

Cette adaptation funèbre n’est pas le fruit d’un choix, mais bien d’une contrainte imposée par les groupes armés. Dans certaines zones, les bandits exigent une autorisation préalable pour enterrer un proche. Dans d’autres, ils réclament des pots-de-vin pour un soi-disant « droit de passage » ou interdisent toute manifestation publique, sous peine de représailles violentes.

« Même pleurer nos morts est devenu un luxe », regrette un ancien directeur du cimetière de Port-au-Prince, qui préfère rester anonyme pour des raisons de sécurité. Selon lui, les familles doivent souvent s’occuper elles-mêmes des formalités, en payant directement l’accès au cimetière ou en confiant cette tâche à une entreprise funéraire, quand celle-ci accepte de se rendre dans les zones les plus dangereuses.

« C’est comme si la mort devait elle-même négocier son passage », soupire un habitant de Martissant, face à une réalité où le dernier hommage est dicté non par l’amour ou la tradition, mais par la peur et la violence.

Dans un pays où la vie est menacée à chaque instant, même la mort ne trouve plus la paix. Jadis moments de recueillement et de solidarité, les funérailles se déroulent aujourd’hui dans le silence, la peur et souvent la précipitation. À Port-au-Prince, on enterre ses morts discrètement, tandis que les armes continuent de régner en maîtres, jusqu’au cœur du deuil.

 

Rédaction Kominotek NEWS

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