Depuis juin 2021, date de la prise d’assaut de Martissant par les gangs armés, la situation en Haïti a connu un dégradation significative. Selon le Centre d’analyse et de recherche en droit de l’homme (CARDH), pas moins de 28 territoires ont été perdus sous le contrôle de ces groupes criminels. Cette escalade de violence a entraîné des conséquences dramatiques, avec plus de 4 700 personnes tuées, dont 136 policiers, victimes d’assassinats ou portés disparus.
Le CARDH souligne que cette spirale de violence ne peut être dissociée de l’inaction et, dans certains cas, de la complicité de plusieurs autorités haïtiennes. L’absence de mesures efficaces pour contrer l’expansion des gangs a permis à ces groupes de renforcer leur emprise sur des zones clés du pays, semant le chaos et la peur au sein de la population.
Martissant, quartier stratégique de Port-au-Prince, est devenu un symbole de cette crise. Avant son assaut, il était un lieu vibrant de commerce et de vie quotidienne. Aujourd’hui, il incarne l’échec des institutions à protéger leurs citoyens. Les gangs, souvent bien organisés et armés, ont profité des failles dans le système de sécurité pour étendre leur influence, transformant des quartiers entiers en zones de non-droit.
Les conséquences humanitaires sont dévastatrices. Des milliers de personnes ont été déplacées, cherchant refuge dans des conditions précaires. Les services essentiels, comme les hôpitaux et les écoles, fonctionnent au ralenti, voire sont inaccessibles, dans les zones sous contrôle des gangs. La peur est omniprésente, avec des enlèvements, des extorsions et des exactions commises en toute impunité.
Le CARDH met en lumière un problème encore plus profond : la complicité de certaines autorités avec les gangs. Des allégations de corruption et de collaboration directe ont émergé, suggerant que des élus ou des responsables ont fermé les yeux sur les activités criminelles en échange de soutien politique ou financier. Cette collusion a non seulement affaibli l’État haïtien, mais a aussi sapé la confiance de la population dans ses institutions.
Face à cette crise, le CARDH appelle à une action urgente et coordonnée. Il est essentiel de renforcer les capacités des forces de sécurité, de lutter contre la corruption et de rétablir l’autorité de l’État dans les zones contrôlées par les gangs. Parallèlement, des mesures doivent être prises pour protéger les civils et garantir leur accès aux droits humains fondamentaux.
En conclusion, la perte de 28 territoires et le décès de milliers de personnes, dont des policiers, sont autant de preuves d’une crise qui ne peut plus attendre. Le CARDH exhorte la communauté internationale à soutenir Haïti dans sa lutte contre les gangs et à exhorter les autorités à agir avec fermeté et transparence pour restaurer la paix et la justice. Seule une approche concertée et déterminée peut permettre de reconstruire un avenir sûr pour le peuple haïtien.
Rédaction Kominotek NEWS